Textes critiques
BATTRE L’IMAGE EN NEIGE. LAISSER REFROIDIR.
Par Camille Paulhan, juin 2021
…J’ai longtemps observé les surfeurs depuis la Grande Plage de Biarritz. Contrairement à l’image glamour un peu surfaite que l’on nous vend de ce sport, une immense partie du temps dans l’eau est consacrée à une attente concentrée et précise. La tête hors de l’Océan, ils et elles guettaient le bon moment, celui où cela pourrait être possible. Parfois, au bout de deux ou trois heures, la séance s’achevait, sans que personne n’ait réussi à prendre aucune vague. Pascale Rémita et moi regardions, dans une des salles du Musée d’art et d’histoire de Château-Gontier, des toiles de sa série « La Vague » (2012-2020), et je ne pouvais m’empêcher de penser aux surfeurs basques, dont la tête parfois disparaissait quelques secondes sous une vague trop molle pour être embrassée. Même l’eau, dans ses peintures, est dense comme une pierre de jade et indécise comme un plat à l’agar-agar dont on ne sait s’il penche plus du côté liquide ou solide. J’y perçois une viscosité d’algue prête à tout engloutir sur son passage. Peut-être Pascale a-t-elle décelé mon embarras, car elle m’a immédiatement dit à quel point elle voyait les vagues non comme ce qui submerge, mais comme ce qui porte. Et en effet, il y a là quelques crêtes qui semblent se hisser avec grâce vers un ciel blanc étale… Texte intégral dans la monographie Peinture froide prend feu
BEAT THE IMAGE IN SNOW. LET COOL.
By Camille Paulhan, june 2021
…I have spent a lot of time watching the surfers from the Grande Plage at Biarritz. Unlike the slightly overdone glamorous image of this sport that people sell us, the lion’s share of the time spent in the water is dedicated to a concentrated and precise period of waiting. Heads above the Ocean, they—boys and girls—wait for the right moment, when a ride might be possible. Sometimes, after two or three hours, the session ended without anyone having managed to catch any wave. In one of the rooms at the Museum of Art and History in Château-Gontier, Pascale Rémita and I were looking at canvases in the “La Vague/The Wave” series (2012-2020), and I could not help thinking of those Basque surfers, whose heads sometimes disappeared for a few seconds beneath a wave that was too weak to be ridden. Even the water, in her paintings, is as dense as a jade stone and as indecisive as a dish of agar-agar, and we don’t know if it is more liquid than solid. In it I see a seaweed-like viscosity ready to engulf everything in its passage. Perhaps Pascale has discerned my confusion, because she immediately told me how she saw waves not as something that submerges, but as something that carries. And in effect there are a few crests here which seem to gracefully rise up towards a becalmed white sky… Full text in monograph Cold painting catches fire
EN TRAÎNANT
Par Judicaël Lavrador, avril 2021
…Pascale Rémita peint des choses mouvementées mais arrêtées, tenues en laisse du bout d’un pinceau calme, mais pas si net qu’il n’y paraît. La peinture mousse toujours un peu et laisse sur la toile un soupçon d’écume. Elle décrit le tumulte, la frénésie, les forces (de la nature) mais comme au ralenti. C’est une peinture qui freine l’élan de son sujet mais aussi celui du tableau qui, sans être, loin de là, inachevé, se retrouve au milieu du gué. Avant ou après la tempête, dans un moment suspendu où le temps s’étire paresseusement. Car si le mouvement dans l’espace se trouve réfréné, il en est de même pour le passage du temps, qui n’a pour ainsi dire pas cours… Texte intégral dans la monographie Peinture froide prend feu
DRAGGING
By Judicaël Lavrador, april 2021
…Pascale Rémita paints things in motion but at a stand-still, kept on a leash at the end of a calm brush, but not as clear as might seem. The paint always froths a little and leaves a dash of foam on the canvas. It describes the tumult and frenzy, the forces (of nature), but as if slowed down. This is a paint which brakes the momentum of its subject, but also that of the picture which, far from being unfinished, finds itself again in the middle of the ford. Before or after the storm, in a suspended moment when time lazily stretches itself. Because if the movement in space is checked again, the same applies to the passage of time, which, as it were, prevails… Full text in monograph Cold painting catches fire
L’OBSERVATRICE
Par Éric Suchère, avril 2021
…« Les Gestes » (une trentaine de peintures réalisées depuis 2016) sont, en cela, la continuation des « Observateurs ». Des mains gantées cadrées de près, en close-up, effectuent des gestes mystérieux, incompréhensibles. Quatre mains semblent manipuler une peau, une autre tire sur un fil, la plupart du temps, elles effleurent, caressent, aplatissent, polissent, déposent… Les gestes sont une gestuelle mais débarrassés de leur signifant. Les mains proposent un répertoire d’attitudes, de mouvements qui pourrait devenir théâtral, mais Pascale Rémita ne réactualise pas la dramaturgie des mains exploitée en peinture, en particulier, du xve au xviie siècle. Elle en accentue l’abstraction, défocalise, augmente le flou, rend les contours imprécis, amplifie les reflets, pulvérise de brillances, les fameux pictèmes évoqués par Jean- Claude Lebensztejn dans son « Magie gris-perle »6 sur Vermeer – pensons aux mains de La Dentellière7 et aux fils rouges et blancs qui sortent du coussin en bas à gauche. Le regard se rapproche, de plus en plus. Il se place au niveau des mains, au ras, frontalement. Les mains se reflètent sur la surface de travail, comme dans ces anciennes interfaces macOS. La matière devient un mixte entre peinture et un effet numérique. La touche se voit, réapparaît. L’image perd toute consistance. Elle est un fantôme, l’effet fantôme… Texte intégral dans la monographie Peinture froide prend feu.
THE OBSERVER
By Éric Suchère, april 2021
…« The Gestes » (some thirty paintings produced since 2016) are, as such, the continuation of the Observers. Gloved hands, framed in close-up, execute mysterious and incomprehensible gestures. Four hands seem to be handling a skin, another is pulling on a thread, most of the time they skim, caress, flatten, polish, and deposit… The gestures are a body language but relieved of their signifier. The hands propose a repertory of attitudes and movements which might become theatrical, but Pascale Rémita does not update the dramaturgy of hands made use of in painting, especially from the 15th to 17th centuries. She accentuates their abstraction, de-focuses, augments the blur, makes the outlines imprecise, amplifies the reflections, pulverizes dazzles, the famous pictemes referred to by Jean-Claude Lebensztejn in his “Magie gris-perle/ Pearl-grey Magic”6 about Vermeer—let us think of the hands of The Lacemaker7 and the red and white threads merging from the cushion at bottom left. The eye draws nearer, and ever nearer. It is placed at hand level, just above, frontally, the hands are reflected on the work’s surface, as in those old Mac Os interfaces. The matter becomes a mixture between paint and a digital effect. The touch can be seen, and reappears. The image loses all consistency. It is a ghost, the phantom effect… Full text in monograph Cold painting catches fire
ONE SHOT…
Par Paul-Hervé Parsy, 26 décembre 2012
C’était le début novembre, peut-être fin octobre. Le jour se pointait, lentement, une lueur grisâtre laissait entrevoir la silhouette noire des grands cèdres du parc. Un voile de brume épaisse recouvrait ce paysage connu, mais on ne distinguait qu’à grande peine ce qui le constituait. [Lire l’article complet]
ONE SHOT…
By Paul-Hervé Parsy, the 26th december of 2012
It was early November, maybe end of October. The day was coming, slowly, a grayish glimmer let see the big park cedar trees’ black silhouette. A shroud of thick mist was covering these known landscape, but we did distinguish only with difficulties what constituted it. [Read full article]
ONE SHOT, L’IMAGE EN ARCHIPEL
Par Frédéric Emprou, 20 décembre 2012
Variations dans le décor du château de Oiron, les œuvres que présente Pascale Rémita s’appréhendent à la façon de la ballade sensitive, elles procèdent du dépaysement généralisé comme autant de hautes définitions de l’image et de ses matérialités. [Lire l’article complet]
ONE SHOT, IMAGE SCATTERED IN ARCHIPELAGO
By Frédéric Emprou, the 20th december of 2012
Swing inside the set of Oiron’s castle, pieces that Pascale Rémita shows have to be understood as a sensitive ballad, it proceeds to generalized change of scenery as much as possible high definitions and materiality of image. [Read full article]
ULTRA MODERNES LATITUDES
Par Frédéric Emprou, 2010
« J’aime ces écrits qui dérapent dans des coups de pinceaux. C’est une représentation du monde dont l’objet est d’arriver au point où l’on s’en détache pour basculer dans autre chose. » [Lire l’article complet]
MODERN LATITUDES
By Frédéric Emprou, 2010
“I like these pieces of writing that slide into brushstrokes. It is a representation of the world that aims to reach the point of getting us to move away from it in order to swing over into something else.” [Read full article]
DES IMAGES ECHAPPEES DU VISIBLE
Par Sandra Émonet, septembre 2005
Le travail de Pascale Rémita provoque une glissade pour l’écriture, un voyage multi-directionnel où se posent des scènes furtives. Poser des mots y est délicat, c’est un exercice périlleux pour dire la qualité quasi indicible des sensations et des perceptions rencontrées. [Lire l’article complet]
ESCAPED IMAGES OUT OF THE VISIBLE
By Sandra Émonet, september 2005
Pascale Rémita’s work causes a slip for the writing, a multi-directional trip where set stealth scenes. Describing by words is sensitive there, it is a perilous exercise to nominate the almost unspeakable quality of found sensations and perceptions. [Read full article]
LES OBSERVATEURS ET LES REVEURS
Par René Char
Faire référence à ce titre d’un poème de René Char, c’est mettre l’accent sur une ambivalence que l’on retrouve souvent dans tes oeuvres. J’ai souhaité que cette exposition soit l’occasion de mettre en relation étroite les vidéos et les peintures. [Lire l’article complet]
OBSERVERS AND DREAMERS
By René Char
To refer to this René Char’s poem title, it highlights an ambivalence that we often find in your pieces. I wish this exhibition was the occasion to link closely videos and paintings. [Read full article]